Conservatoire d'espaces naturels de Corse

patrimoine naturel et culturel de la Corse

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Découverte des oiseaux de l’étang

Sortie Nature - Le 08/02/2009 - Lieu : Etang de Palo

Organisée conjointement avec le Conservatoire du Littoral et des Ouvrages Lacustres, le Parc Naturel Régional, le Département de Haute Corse et les Amis du Parc, une sortie sur les rives de l’étang de Palo faisait suite à celle de la veille sur les pourtours de Biguglia, également assurée par les mêmes partenaires.
Comme tous les ans à la même époque, ces animations se déroulent dans le cadre de la journée mondiale des zones humides qui commémore la signature de la Convention du 2 février 1971, dans la ville iranienne de Ramsar, au bord de la mer Caspienne. Chaque année depuis 1997, des organismes gouvernementaux, des organisations non gouvernementales et des groupes de citoyens à tous les niveaux de la société profitent de l'occasion pour lancer des actions de sensibilisation du public aux valeurs et aux avantages des zones humides en général, et de la Convention de Ramsar en particulier.
L’étang de Palo, au sud de la plaine orientale, d’une superficie de 110 hectares, à cheval sur les communes de Ventiseri et de Serra di Fium’orbu, est un milieu naturel d’un grand intérêt écologique, propriété du Conservatoire du littoral et géré par le Département de Haute Corse.
Accueillis en début d’après midi par Anne Martinetti du Conservatoire du littoral, Marc Sinibaldi du Parc Naturel Régional, Christian Mikdjian de la réserve de l’étang de Biguglia et Arnaud Lebret associé à Richard Destandau pour l’Association des Amis du Parc, la cinquantaine de personnes présentes eurent droit, en premier lieu, à une présentation de ce superbe site, premier grand étang de la plaine orientale en venant du sud et séparé de la Tyrrhénienne par un lido de plus de deux kilomètres de long.
Ce plan d’eau, très peu profond, est alimenté en eau douce par six petites rivières et en eau salée par un grau ouvert de manière épisodique par le seul pêcheur qui exploite ce milieu.
Cette pêche qui se veut respectueuse de l’environnement répond à une logique de piégeage du poisson grâce aux bordigues qui constituent des barrages naturels en roseaux, supportés par des pieux d’aulnes, régulant l’entrée ou la sortie des poissons venant de la mer. Des paradières, sorte de filets tendus par des échalas durant la période allant d’octobre à mars, permettent la capture d’anguilles, de loups, de marbrés ou de mulets. Ces derniers, particulièrement prisés pour la saveur de leur chair et surtout par celle de leurs œufs avec lesquels le pécheur confectionne la fameuse poutargue qui fait les délices des gourmets, notamment transalpins.
Pour compléter ce dispositif, l’exploitant y adjoint des nerveux, sorte de longues nasses, en filets montées sur cerceaux, où le poisson téméraire qui y pénètre n’a d’autre solution, tôt ou tard, que d’entamer des prières !

Le décor étant planté, nous partîmes pour une promenade éducative sur le sentier qui fait le tour de la presqu’île, à la découverte de la faune et de la flore de ce milieu préservé. Des documents pédagogiques financés par le programme européen Interreg IIIA qui associe la Corse, la Sardaigne et la Toscane donnèrent aux participants les moyens de se familiariser avec l’incomparable zone humide.

L’avancée de terre d’une superficie de 27 hectares, entièrement boisée de chênes verts, de chênes lièges et d’essences plus basses comme les lentisques, les bruyères ou les arbousiers, offre un point de vue privilégié aux observateurs de par sa position centrale dans l’étang.
Tout autour, un monde d’eau libre, de sansouire, de prés salés, où grouille une vie paisible et heureuse d’animaux en totale liberté. Pour renforcer encore ce sentiment ineffable de sérénité, un calme, un silence presque surnaturel, juste troublé par le cri lointain d’une sterne caugek ou le saut fugace d’un mulet intrigué par notre présence.
A nos pieds, des terres basses et limoneuses, dont la salinité et la durée de submersion déterminent le couvert végétal. La densité de ce dernier conditionnant alors la présence d'une population de reptiles, d’amphibiens, de poissons ou d’avifaune plus ou moins importante.
Grâce à des lunettes d’observation et sous les conseils éclairés de nos guides, une foultitude emplumée, nullement dérangée par notre lointaine présence, vaquait à ses occupations dans la roselière, débonnaire et béate de ce bonheur simple qui ne requière que la paix et la calme pour s’exprimer : Flamands, hérons pourprés, cormorans huppés ou grands cormorans, mouettes rieuses, goélands leucophée, cisticoles des joncs, busards des roseaux, sternes caugek, sarcelles d’hiver, canards siffleurs, foulques, déambulaient, nageaient, nichaient, volaient, mangeaient, dormaient au gré de leurs envies de bonnes bêtes débonnaires.
Toutes ces espèces, qu’elles soient migratrices ou hivernantes, trouvent dans la gigantesque zone humide qui va de Palo à Biguglia, les conditions de son épanouissement.

Les intervenants insistèrent sur le fait que l’accès à ces lieux est strictement réglementé quant à la circulation des véhicules, au camping ou bivouac, aux feux, aux dépôts de déchets et à la pêche. C’est à cette seule condition que ce milieu perpétuera ce sentiment profond que ressent tout visiteur sensible, à savoir le privilège de pouvoir fouler pour quelques instants le jardin d’Eden !