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Les mares temporaires

Sortie Nature - Le 23/04/2006 - Lieu : Muratello (19,Commune de Porto-Vecchio)

C’est en fin d’après-midi, dans les locaux de la mairie annexe de Muratello que l’Association des Amis du Parc représentée par Valérie Bosc et l’Office de l’Environnement de la Corse qui avait détaché Sophie FINIDORI, présentaient un exposé sur le programme Mare Temporaire et les amphibiens.
Cette manifestation était organisée dans le cadre du programme Fréquence grenouilles 2006

Il faut savoir que la Corse est particulièrement bien dotée de ces milieux puisqu’elle ne compte pas moins de 48 sites certifiés soit 67 mares temporaires essentiellement dans le Cap et l’extrême sud.
Les mares temporaires méditerranéennes abritent une flore riche et exceptionnelle, notamment de nombreuses d'espèces protégées et rares comme la Pilulaire (19,Pilularia minuta), ainsi qu’une faune d'invertébrés aquatiques et d’amphibiens très riche et caractérisée par la présence d'endémiques et de nombreuses espèces méridionales.
Une mare temporaire est une zone humide caractérisée par des phases d’inondation et d’assèchement qui se succèdent au fil des saisons : A l’automne les pluies remplissent les zones asséchées et l’exubérance de la vie anime de nouveau le milieu jusqu’au début de l’été où les mares se vident par évaporation entraînant un fonctionnement au ralenti jusqu’au regain suivant.
Ces écosystèmes ont des origines diverses :
* mares situés dans des dépressions d’origine tectonique,
* mares occupant des dépressions liées à l’érosion fluviale,
* mares artificielles : carrières, excavations, trous d’obus.
Le principal danger couru par ces milieux, réside dans les comblements ou drainages, les envahissements par la végétation, la circulation et le stationnement des véhicules, les dépôts d’ordures.
Conscient de cette fragilité, l’Office de l’Environnement de la Corse s’efforce d’identifier la valeur du patrimoine et la problématique de gestion, de définir les études à mener dans les secteurs de l’hydrologie, de la faune ou de la flore, de réaliser des travaux de restauration d’urgence, de mettre en place des protocoles de suivi, d’évaluer les possibilités d’acquisition, de désigner des gestionnaires, d’organiser des formations ou des séminaires spécifiques, de sensibiliser la population sur la fragilité des sites et d’avoir des projets pédagogiques vis-à-vis des jeunes
Il mène à bien des projets de restauration ou de création de mares et travaille au sein du réseau Life, pôles mares et mouillères, Medwet/ Région en coopération avec la Sardaigne.
Pour plus de renseignements, aller sur le site : http://natura2000.ecologie.gouv.fr/regions/REGFR83.html

Valérie Bosc mit ensuite l’accent sur les habitants coutumiers de ces lieux : les amphibiens. Ils sont apparus il y a environ 300 millions d’années et sont les premiers vertébrés à avoir accompli le grand saut consistant à quitter la facilité de leur milieu aquatique pour s’aventurer vers la vie terrestre.
Ce sont des vertébrés à sang froid, tout comme les reptiles ils n'ont pas de système régulant la température de leurs corps et sont donc très dépendants de celle de leur milieu. Plus il fera chaud, plus ils seront actifs. Alors que le grand froid les fait hiberner, une grande chaleur les fait estiver. Le terme amphibien signifie deux vies, et fait référence au phénomène de la métamorphose qui existe chez nombre d'entre eux.
En Europe il n'existe que deux groupes d'amphibiens:
- Les urodèles qui ont une queue et une forme allongée; c'est le cas des salamandres et des tritons.
- Les anoures dont le corps est plus ramassé et trapu, ils n'ont de queue qu'au début de leur développement et se déplacent par bonds plus ou moins puissants, ce sont les grenouilles, reinettes et les crapauds.
Un troisième groupe, celui des apodes est constitué d'animaux sans pattes qui ressemblent à des vers et qui passent une grande partie de leur vie dans la terre. On ne les trouve que dans les pays tropicaux.
Ces êtres ont besoin d'avoir une humidité constante au niveau de leur peau pour survivre. En effet l'épiderme des amphibiens joue un grand rôle dans l'apport de l'oxygène qui se dissout au contact de la peau de l'animal et passe directement dans le sang. Chez les amphibiens c'est 70 à 80% des besoins en oxygène qui sont ainsi assurés. Ce n'est que quand l'animal nage à la surface de l'eau, respirant par les narines que ses minuscules poumons fonctionnent à plein régime. Mais il faut savoir, par ailleurs, qu’ils passent presque toute leur jeunesse dans l'eau respirant l'oxygène à l'aide de branchies comme les poissons,
La peau de ces créatures joue deux autres rôles : tout d'abord elle leur permet de boire, en effet les amphibiens ne boivent pas par la bouche mais au travers de leur peau. En outre, la peau peut aussi renfermer des glandes sécrétant un venin dissuasif pour les prédateurs, c'est le cas pour la salamandre. C'est pour cette raison que les amphibiens ne s’éloignent jamais d'un point d'eau et sécrètent tous un mucus garantissant une humidité constante à leur peau.
On connaît sur Terre environ 4.000 espèces d'amphibiens, dont 400 espèces d'urodèles, 3.500 espèces d'anoures et 150 espèces d'apodes, mais en Corse on ne dénombre que 5 espèces d’anoures (19,crapaud verts, discoglosse corse, discoglosse sarde, grenouille des bergers et reinette sarde) et 2 espèces d’urodèles (19,salamandre corse et euprocte de Corse).
Une série de projections d’images et d’enregistrements sonores permit à l’assistance de mieux appréhender les nuances subtiles de chaque espèce.

A l’issue de ces très intéressants exposés, les participants furent conviés à une sortie sur la mare attenante à la localité.
Ils purent observer des amphibiens divers au cœur d’un cacophonie crépusculaire digne des marigots tropicaux, d’autant que des bandes de chauves-souris avides d’insectes apportaient une touche exotique à cette scène bucolique.