Conservatoire d'espaces naturels de Corse

patrimoine naturel et culturel de la Corse

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L'artisanat au centre Corse

Sortie Découverte - Le 25/11/2007 - Lieu : Dans le Cortenais

Corte soulevait doucement ses paupières orangées sur les lointains drapés du Rotondo, quand une trentaine de fidèles d’entre les fidèles des Amis du Parc se rejoignirent devant la gare, pour la dernière sortie de l’année qui, comme à l’accoutumée, exhalait ces relents d’une nostalgie douce à laquelle semblaient souscrire les arbres nus et tristes de voir leurs parures désormais foulés sans vergogne par les passants
Après les salutations aux adhérents, le Président les invita à se rendre au parking du Musée où les attendaient messieurs Antoine Feracci et Jean-Marie Giongha, respectivement Président et vice-Président de l’association A Rinascita di u vechju Corti, pour une visite guidée de la vieille ville.
Cette association, fondée en mai 1975, est labellisée Centre Permanent d'Initiatives pour l'Environnement Corte-Centre Corse depuis cette année. Ses principaux objectifs sont de protéger, d'animer, de former, de restaurer, d'informer et d'aider la ville de Corte et ses environs. A cet effet, elle œuvre en s’appuyant sur les structures suivantes :
* Le bureau d'Information Jeunesse,
* La Permanence d'Acceuil, d'Information, d'Orientation,
* Le Centre Social,
* La radio Corti Vivu,
* La Section Montagne
* Le Point Cyb - P@M
* Le Pôle d'Education à l'Environnement,
* Le Point Information Famille.
Un éclectisme qui fait de A Rinascita, la cheville ouvrière des activités associatives du Centre-Corse.
Première étape de notre spassighjata , le palazzu naziunale : choisi par Paoli pour faire office de siège à son gouvernement et qui comportait également dans son rez-de-chaussée une prison. Lui faisant vis-à-vis, la maison où naquit en 1768 Joseph Bonaparte, frère aîné du futur empereur, qui le fit roi de Naples puis roi d’Espagne. Jean-Marie Giongha nous offrit un bref rappel historique de ces deux personnages. Puis nous nous rendîmes au lieu-dit le Belvédère, passage obligé de tous ceux qui visitent la capitale historique de la Corse, oppidum vertigineux d’où l’on peut contempler tout à la fois le nid d’aigle, la ville entière et les montagnes avoisinantes qui ceinturent majestueusement les lieux. Une parenthèse sur l’histoire mouvementée de la citadelle, nous rappela qu’elle fut bâtie par Vincentello d’Istria en 1419, quelle fut cédée à l’Office de Saint Georges en 1459. Occupée par Sampiero Corso en 1553 et 1564, elle fut reprise par Gênes en 1567. Plus tard, elle fut occupée par la population lors des guerres de Corse en 1729, mais reprise par les autrichiens lors de leur intervention de 1732, avant que les français de Boissieu ne s’y installent cinq ans plus tard.
L’empreinte de tant de clameurs semblait choir encore des remparts, quand nous redescendîmes dans la vieille ville pour découvrir d’anciens jardins où, durant la courte période du royaume Anglo-Corse, Sir Elliot se livra à des tentatives de culture de thé et de coton !
Les pavés de la cité Paoline, rendaient le même timbre clair sous les pas des Amis du Parc, qu’en leur temps sous ceux de Giovan Pietro Gaffori ou du Comte de Vaux et au cœur de ces vieilles pierres, à l’écoute de Jean-Marie, nombre d’entre-nous purent se croire en ce XVIII ème siècle troublé. Après ces morceaux choisis d’une visite qui aurait pu nous accaparer le jour entier, un vin d’honneur organisé par A Rinascita dans le cadre convivial de la « vieille cave » apporta ce réconfort providentiel à tant de semelles endolories et de gorges assoiffées.
Le Président Antoine Feracci y rappela les rôles essentiels de son association et les liens très anciens noués avec les Amis du Parc.
A l’issue, les membres de l’Association se dirigèrent vers Francardo pour y déjeuner dans une clairière à l’ombre de grands chênes, plaisir qui put paraître anachronique mais pour autant salutaire.
Repas d’autant plus convivial que pris en compagnie de Fanfan Griffi, accompagné de Marcel Saba et Jean-Michel Chion, verriers oeuvrant au hameau de Francardo.
On se souvient qu’après l’Assemblée Générale du mois de mars dernier, nous visitâmes l’atelier Terraghja à Corte, où Fanfan Griffi avait organisé pour l’association une étonnante démonstration de confection de poterie. A cette occasion, Fanfan nous entretint de ce projet qui lui tenait particulièrement à cœur : Prumitei !
Comme il le dit si bien lui-même « centre consacré aux arts, au feu et à la fusion, à ces métiers de légendes aux âges millénaires, à la fascination universelle… ».
L’ancienne briqueterie désaffectée de Francardo semblait comme s’imposer de par son ancienne vocation, son vaste emplacement à deux pas de la nationale et la dynamique enclenchée avec la commune d’Omessa, l’Etat, la C.T.C., le département de Haute-Corse, l’Université de Corse, les banques et divers partenaires privés.
Devant une maquette au 1/100 ème du projet, Fanfan dont l’enthousiasme est toujours autant communicatif, donna vie aux minuscules ateliers, installations, personnages qui se murent comme par enchantement, aux propos passionnés de leur mentor.
Cet ensemble permettra en un seul lieu de découvrir et de s’initier aux métiers d’art tenant de la poterie, du soufflage du verre et de la forge, tout en offrant un espace de détente, de restauration et une boutique. Un théâtre de verdure d’une capacité de 800 spectateurs complètera ce complexe qui devrait ouvrir ses portes pour la prochaine fête de la musique, soit le 21 juin 2008. Enfin, 200 personnes pourront prendre place dans la salle de conférence qui verra le jour au dessus du gigantesque four de la briqueterie qui est conservé, comme sa haute cheminée.
Une visite sur le chantier nous permit d’appréhender un peu mieux l’étendue de cet ambitieux projet.
En attendant de pouvoir s’exprimer dans un environnement plus adapté au public, Marcel Saba et Jean-Michel Chion nous donnèrent à admirer l’impressionnant spectacle du soufflage. Dans un four, toujours en fonctionnement et où baigne une pâte de verre en fusion, constituée d’oxyde de silicium et de fondants, les souffleurs de verre captèrent une boule de verre au bout d'une canne (19,tube métallique creux) puis soufflèrent dans cette canne pour faire gonfler le verre et réaliser le vide intérieur. Puis, ils étirèrent, aplatirent, teintèrent à l’aide de poudres, percèrent ou coupèrent cette boule pour lui donner sa forme finale.
Sous nos yeux ébahis de tant de dextérité, d’aisance et d’apparente facilité, verres et vases, dans les formes les plus originales prenaient au bout de quelques minutes leur aspect final.
Alchimistes des temps modernes, Marcel et Jean-Michel transmutèrent, par la magie de leur savoir-faire, une matière magmatique en de gracieuses formes translucides et pérennes.
Une démonstration qui augure bien de ce que sera le centre Prumitei dans un futur désormais imminent.

Le Golo tout proche vrombissait comme si un Prométhée de passage y déposait le feu dérobé, quand les Amis du Parc se séparèrent en ce gracieux dimanche d'automne, à l’heure furtive des brumes douces, des gibiers épargnés et des longs vols d'oiseaux.