Conservatoire d'espaces naturels de Corse

patrimoine naturel et culturel de la Corse

Retour à la liste complète »

Archives » Sorties 2007

Fête de la Nature

Sortie Nature - Du 19/05/2007 au 20/05/2007 - Lieu : Région de Sotta



Durant le week-end du 19 et 20 mai, l’Association des Amis du Parc en partenariat avec la DIREN, l’OEC et le Parc Régional, a organisé la fête de la Nature dans le cadre idyllique et éminemment bucolique de Gallina Varja, non loin de Sotta (19,Corse du sud).
Avant que ne débutent ces journées, un grand nombre de personnes s’étaient déjà inscrites à divers ateliers si bien qu’une cohorte de gamins impatients et guillerets piaffaient d’impatience sur le parking, avant même que ne débute le programme, qui débutait par un jeu de piste dans les sous-bois avoisinants.
Après la formation des groupes soit par affinités pour les plus grands, soit par famille pour les plus petits, Geneviève Ettori, la directrice des Amis du Parc, procéda à une explication de ce jeu qui propose indications, consignes et questions sur la nature rencontrée durant une déambulation champêtre chronométrée. Une initiation à l’utilisation de la boussole dut être faite afin d’inculquer les rudiments de l’orientation permettant de progresser sur le parcours. Une fois l’ordre de départ arrêté, les équipes s’égayèrent à raison de dix minutes d’intervalle comme autant de volées de corneilles heureuses qui s’abattraient, espiègles et affamées, sur un champ de blé.
Ce fut un ravissement de voir ces groupes affairés, fébriles et opiniâtres tenter de débusquer un indice ou répondre à une question avec des bonheurs divers. A l’issue de l’épreuve, le dépouillement des résultats constitua immanquablement un grand moment d’hilarité ou d’émotion, de par les réponses naïves, touchantes ou ingénues des participants.

Concomitamment à ces activités, Arnaud Lebret, animateur de l’Association, débuta un atelier sur les tortues rencontrées dans l’île, expliquant la nécessité de leur préservation, leurs mœurs, leurs caractéristiques, leur fragilité. Animaux coutumiers pour certains, inconnus pour les citadins, ces reptiles n’ont désormais plus beaucoup de secrets pour les participants qui virent nombre de photos, posèrent toutes les questions possibles à leur encontre et, cerise sur le gâteau, purent voir et même effleurer des cistudes qui somnolaient bienheureuses et demanderesses des rais zénithaux d’un soleil printanier, sur la margelle d’un bassin à proximité. Quelle tendre scène que de voir alors ces petites mains, toutes de crainte et de plaisir mêlés, caresser les carapaces tièdes où les occupantes s’étaient prudemment rétractées.

Non loin de là, un groupe, sous la conduite de Martin Vadella de l’Association A Muntagnera, prit la direction d’une ferme toute proche dans laquelle vivent en harmonie nombre de gallinacés, de caprins, de porcins, de léporidés, de bovins et d’équidés.
Martin, avec la compétence et l’amour des animaux qu’on lui connaît, expliqua aux plus petits qui buvaient ses paroles au sein d’une joyeuse cacophonie animalière, comme aux plus grands ravis de côtoyer d’aussi près cette population exubérante, les soins nécessaires à leur apporter, les risques de maladies auxquelles ils sont confrontés, les caractéristiques des espèces, mille et un détails curieux ou amusants sur ce monde sympathique que l’homme commença à domestiquer dès la fin du Paléolithique, vers 12 000 ans avant notre ère.
Combien de caresses tendres sur un duvet ou un pelage augurent désormais d’une perception profondément différente de ces êtres qui sont bien davantage que des vulgaires « bêtes » et qui firent dire si poétiquement à Jean Richepin que :
« Ils n'ont aucun besoin de baiser sur les lèvres
Et loin des songes vains loin des soucis cuisants
Possèdent pour tout cœur un viscère sans fièvre
Un coucou régulier et garanti dix ans. »

Le déjeuner se prit sur place pour ceux qui le voulurent, nos hôtes ayant organisé un revigorant buffet froid sous une tonnelle.

Après cette pause salutaire, c’est dans un sous-bois que Jérôme Franchi du Parc Naturel Régional s’installa pour présenter le gypaète barbu, oiseau emblématique de la Montagne corse. A cet effet, il avait amené un mannequin grandeur nature qui, une fois monté, en impressionna plus d’un par son réalisme et son envergure imposante. Jérôme mit en exergue la fragilité de l’espèce confrontée à une raréfaction des estives donc de sa nourriture qui, rappelons-le dépend des carcasses d’animaux dont ces oiseaux extraient les os qui constituent leur ordinaire. Le Parc palliant à ce déficit de subsistances en procédant périodiquement à des posés de carcasses sur des zones de nourrissage que fréquente l’altore. Le public fut captivé par les propos de Jérôme agrémentés de superbes photographies. Les talents de pédagogue de l’intervenant firent merveille et notamment sur les plus jeunes à qui il fit découvrir moult facettes de ce grand rapace en les amenant par déductions successives à répondre eux-mêmes aux innombrables questions qu’ils posaient.

De son côté, Arnaud avait repris un atelier « tortues » dans lequel un public renouvelé s’instruisit sur cette branche de l’herpétologie. Les travaux pratiques aux abords du bassin aux cistudes permirent également d’admirer une nuée d’amphibiens en plein exercice mêlant concert de croassements et pirouettes rebondissantes sur les nénuphars.

Après avoir discouru sur ce monde rampant, Arnaud et Jérôme proposèrent une démonstration de cerfs-volants conçus sur des formes d’oiseaux. Nul doute que plus d’un diptère s’abîma corps et biens dans le piège humide des innombrables bouches bées symétriquement orientées vers les arabesques du pseudo volatile, tandis qu’à une distance respectueuse des rapaces intrigués toisaient ces nouveaux congénères de leur regard hiératique.

A l’issue de ces circonvolutions alaires, un goûter réconfortant fut offert aux petites têtes blondes et brunes, endolories par une raideur cervicale que cette thérapie gourmande fit promptement disparaître.

Le programme de la journée était loin d’être terminé. Geneviève invita les amateurs intéressés à une ballade-découverte dans un milieu de prairie, dans lequel les pratiques agricoles ont des conséquences visibles sur la richesse spécifique, afin de révéler les trésors de la Nature dans leur diversité de formes, de couleurs et de sons. Elle visait à susciter un engouement dans l’observation de la nature et pourquoi pas donner l’envie d’aller plus loin. Combien de plantes ou de fleurs endémiques possèdent désormais un nom, combien de détails relatifs aux feuilles, tiges, parfums passionnèrent les grands comme les petits qui découvrirent un univers de diversité à chacun de leur pas.

Pour ceux que cette promenade bucolique n’inspirait que modérément, Antony Père, intervenant en tant qu’étudiant à l’Université de Corse et oeuvrant à Calvi dans la base scientifique de la STARESO, dédiée à la recherche marine en Méditerranée, située à l'extrémité du cap de la Revellata, présenta dans un diaporama riche en couleurs la faune marine corse. Poissons, mollusques, crustacés, animaux pélagiques ou benthiques rivalisant d’éclats et de parures, se succédaient en d’éclatantes photographies ponctuées d’interjections expressives et de questions pertinentes à leur encontre.

L’heure était venue de faire dîner les plus jeunes, ivres de découvertes et affamés comme des louveteaux fraîchement sevrés. Plus tard, les adultes se restaurèrent à leur tour, commentant les moments forts de cette journée qui n’était pas vraiment terminée puisque Delphine Rist, membre du Groupe Chiroptère Corse était des notre pour nous parler de ces mystérieux mammifères ailés auxquels s’attachent nombre de légendes infondées. Après avoir tendu des filets entre les arbres proches dans l’expectative de capturer quelques spécimens, Delphine nous rappela que hélas la chauve-souris traîne à ses basques une bien mauvaise réputation. On l’associe aux vampires, aux sorcières, aux démons du sabbat. On la dit aveugle et assoiffée de sang. Sa morphologie peu avenante, sa couleur sombre, ses oreilles pointues et ses cris parfois alarmants, la rapproche des sorcières du sabbat. Or, cet animal est fort utile de part son régime insectivore qui lui permet d’avaler jusqu’à mille moustiques en une seule nuit ! Le G.C.C. œuvre à la préservation de leur milieu, condition sine qua non à leur survie en menant un grand nombre d’actions d’études, de surveillance, d’information et de protection dans l’île.

La constellation du Lion choyait mollement derrière les contreforts granitiques occidentaux quand nous nous séparâmes à l’issue de cette longue journée où certains, harassés, tombaient de sommeil après avoir participé à tous les ateliers proposés.

Le dimanche matin, pendant qu’un nouveau jeu de piste état organisé avec l’enthousiasme réitéré de la veille et que Martin présentait la basse-cour et la ferme qui avaient une fois encore lustré ses plumes et lissé son pelage pour la circonstance, Frédéric Demouche du Musée de Sartène allait jouer le rôle de l’homme préhistorique, propulsé dans le cadre de la fête de la Nature au sein de notre 21ème siècle. Parlant une langue connue et vêtu comme nos contemporains, il n’en était pas moins un transfuge de ces temps reculés où la survie ne dépendait que du savoir-faire à se fabriquer des armes ou des outils.
La problématique première de nos ancêtres relevait certainement de l’approvisionnement en pierres susceptibles d’être taillées, de la transmission de leurs compétences, voire de l’amélioration de leur technique. C’est à ce prix que l’homme de l’industrie lithique est parvenu à notre degré de sophistication technologique en seulement quelques centaines de générations !
Si les supports en bois ne franchirent pas le chapelet abyssal des siècles, les parties dures perdurèrent et Frédéric put nous montrer des haches, des faucilles, des flèches, des arcs reconstitués qui semblaient avoir été fabriqués à l’instant même dans un atelier voisin et dont les fixations également relevaient de la même facture puisque utilisant une colle entièrement naturelle.
Après avoir répondu à une kyrielle de questions sur l’homme du mésolithique qui aborda nos rivages il y a une dizaine de milliers d’années, il fit une démonstration de la taille de silex et d’obsidienne que les volontaires durent reproduire avec des bonheurs divers et des pincements de doigts forcément comiques pour l’entourage.

L’heure de la pause repas sonna à nos montres modernes quand tous les ateliers se rapprochèrent irrésistiblement du lieu de la collation, par on ne sait quelle étrange coïncidence !

La dernière ligne droite se répartit sur trois thèmes :

* Jérôme ouvrit encore une fois ses vastes ailes à la plus grande admiration des rampants que nous sommes. Il illustra ses propos par le truchement d’une petite randonnée pour aller à la rencontre des oiseaux dans leur milieu, avec l’observation d’un nid de rapace juché tout en haut d’un pin maritime et découvert lors du jeu de piste.
* Puis, Geneviève et Jérôme ont sensibilisé le public sur la diversité des plantes par l’organisation de leurs fleurs, leur mode de reproduction et de dissémination. Ils mirent en exergue les plantes caractéristiques des milieux humides, des milieux aux sols riches. Une sensibilisation particulière sur les plantes envahissantes fut donnée aux participants, pour la plupart ignorant de la montée de ce péril quant au maintien de la flore locale. Enfin, des notions d’écologie appliquée à l’aménagement furent apportées, notamment dans le cadre d’une construction où une bonne connaissance des milieux permet de les préserver dans les meilleures conditions possibles et d’y implanter un assainissement individuel efficient.
* En fin d’après-midi, débuta le dernier atelier de cette fête de la Nature édition 2007. Le syndicat Mele di Corsica avait dépêché Nathalie Verhasselt, venue nous parler des miels A.O.P. et A.O.C. issus de la flore sauvage de l'Ile de Beauté, alliant origine et qualité et qui se déclinent en sept variétés allant du goût du plus doux au plus corsé.
Comment illustrer davantage ces propos que par la description de la ruche où les abeilles butineuses élèvent leur progéniture et entreposent du miel pour l'hiver. Et pour passer de la théorie à la pratique, Nathalie avait apporté une ruche aux parois de verre permettant de découvrir sa structure interne tapissée d’alvéoles construites en cire par les abeilles ouvrières afin de stocker le miel et le pollen ou les œufs et les larves. Ce gâteau de cire est ainsi formé de deux séries d’alvéoles hexagonaux se rejoignant en leur base. Une myriade d’apidés laborieuses et vouées à une reine à peine plus grosse, que l’on repérait par une marque peinte sur son dos, furent observées par un essaim d’enfants qui se pressait contre les parois vitrées.
Une dégustation des différentes variétés permit à l’assistance de prendre conscience de la diversité des goûts suivant les lieux de butinage.

Du miel au goûter, il n’y avait que la distance d’une tartine et la colonie juvénile se posa sur le rucher de Gallina Varja pour butiner goulûment jus de fruit et gâteaux offerts.

Vint le temps des récompenses après tant d’émotions et d’émerveillement : tee-shirt, magazines, posters, revues, livres furent distribués, juste reconnaissance de l’implication active de cette jeunesse à ces deux journées, levain qui devra dans les temps futurs être, bien plus encore que nous le sommes, vigilant pour préserver son environnement en grand danger : l’éternel Nature.


L’association des Amis du Parc tient à remercier la DIREN, l’OEC, le Parc Naturel Régional, l’association A Muntagnera, Les Editions du maquis, la revue Stantari, le Groupe Chiroptère Corse, la Musée préhistorique de Sartène, le Syndicat Mele di Corsica, l’université de Corse, la base scientifique de la STARESO, monsieur Guy Pacini qui a mis à notre disposition le site, tous les bénévoles, enfin Françoise, Sandra, Jean-Louis & Hassan dans leur accueil sympathique et efficient, qui ont permis d’accueillir plus de 400 personnes sur l’ensemble des ateliers de la Fête de la Nature 2007, dans le cadre enchanteur et convivial de Gallina Varja.

Quelques autres photos dans Actualités/le point sur...