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Etude de la population de l'embouchure du Rizzanese
La biologie et l'écologie de la Tortue de Floride sont bien connues dans son aire de répartition d'origine (Etats-Unis), mais peu dans son milieu d'introduction.
Le programme « Tortue de Floride » a donc été l'occasion de suivre les individus dans leur nouvel environnement et de découvrir quelques éléments de leur biologie et leur écologie. In fine, les informations reccueillies sont utilisées pour à la mise en place d'une méthode de capture.
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Observations sur le site d'étude
L'échantillonnage stratifié est utilisé pour évaluer la répartition des individus en fonction du type de milieu. Des observations sont réalisées pour chaque type de milieu, à partir de postes d'observation déterminés. Le nombre de postes d'observation sur chaque type de milieu dépend de la surface représentée par celui-ci.
Sur le site, trois types de milieux (ou habitats) ont été dénombrés:
1 - zone d'eau entourées de roseaux 2 - zone d'eau entourées de Tamaris et d'Iris
3 - eau courante du fleuve
Chaque habitat représentant la même surface (1/3 de la surface totale), le même nombre de postes d’observation y a été placé (3 postes par type d’habitat, soit 9 postes d’observation au total).
Entre les mois d'avril et de septembre 2009, l'observation a été réalisée à l'aide de jumelles, durant 45 minutes sur chaque poste, à raison de deux fois par semaines.
En 2011, les observations ont été prolongées sur les sites où les plus faibles densités d'individus avaient été observées, afin de suivre la dynamique spatiale de la sous-espèce.
Observations en amont
Elles ont été réalisées durant les trois années d'étude.
En 2009, trois portions de linéaire ont été parcourues, trois fois entre avril et septembre.
En 2010, cinq sites ont été visités quatre fois au cours de la saison.
En 2011, trois des sites visités en 2010 ont été réutilisés, en fonction notamment des résultats obtenus l'année précédente.
Dans tous les cas, les observations étaient réalisées aux jumelles.
Le radiopistage consiste à suivre le déplacement d'animaux équipés d’émetteurs à haute fréquence avec des récepteurs adaptés. Pour équiper un animal, sa capture est indispensable.
Au cours de l'année 2009, six femelles radiographiées gravides* et un mâle ont été équipés d'un émetteur. L'objectif était d'obtenir des informations relatives à la ponte (période, nombre de pontes, taux de succès, etc.), aux déplacements et à l'occupation du milieu.
Les individus équipés ont été suivis au cours du printemps et de l'été 2009 (période d’activité maximum de ponte), de 6h à 20h.
Les individus localisés à terre ont alors fait l’objet d’un suivi continu jusqu'à leur retour à l'eau. La zone potentielle de ponte était alors localisée et fouillée.
Dans le cas d’une identification certaine d'un site de ponte, un système de protection hermétique (cage grillagée) devait être disposé autour du site, en espérant la collecte des nouveaux-nés pour analyse (nombre de nouveaux-nés, sexe-ratio*, etc.).
CAPTURE-MARQUAGE-RECAPTURE (CMR)
Pour toutes les espèces d’animaux sauvages, l’énumération directe et exhaustive du nombre d'individus présents est impossible.
La méthode de Capture-Marquage-Recapture permet, par l'utilisation de tests statistiques, d'estimer la taille d'une population à partir d'un échantillon, mais aussi de réaliser différents tests de comparaison.
Pour cela, plusieurs sessions de capture sont organisées, où chaque individu capturé est marqué (pour l'individualiser) puis relâché. A chaque session, des individus déjà marqués sont capturés, ainsi que de nouveaux individus. Le rapport entre les deux permet de réaliser les tests statistiques adéquats.
Ainsi, au cours de notre étude, la CMR a été utilisée pour:
Fiche d'identité
Tous les individus capturés ont été pesés, mesurés, photographiés, marqués ; leur âge et leur sexe a été déterminé ; les femelles ont été radiographiées pour vérifier la présence d'oeufs.
Les femelles gravides* ont été équipées d'émetteur pour le suivi par radiopistage.
L'ensemble des information a été consigné sur une fiche d'identité.
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Quelques individus présents ou une population reproductrice?
84 individus ont été identifiés en trois ans: 31 femelles, 17 mâles, 35 juvéniles.
Cela représente un sexe-ratio*de 65 % de femelles et un âge-ratio* de 58 % d'adultes.
L'ensemble de ces individus présente une grande variabilité de taille (3 à 28 cm).
6 femelles ont été radiographiées gravides, avec 14,2 œufs en moyenne par femelle. Parmi ces six femelles, quatre sont sorties à terre à plusieurs reprises. Les sites visités par les femelles ont été fouillés, mais sans ponte avérée.
La présence des deux sexes reproducteurs (mâle et femelle), la grande variabilité de taille au sein de la population et la présence de nouveaux-nés démontre que la population se REPRODUIT sur le site.
Taille de la population
La taille de la population de Tortues de Floride a été calculée pour l'ancien méandre, à partir de la population de Cistudes.
Sur ce site, on estimait en 2010 qu'il y avait environ 46 Tortues de Floride et 120 Cistudes, ce qui représente une densité de Cistudes trois fois supérieureà celle de Tortues de Floride.
Mais attention ! Dans leur milieu naturel d'origine, les populations de Tortues de Floride peuvent atteindre des densités bien supérieures à celles des Cistudes.
Dans un contexte de colonisation, la possibilité que l'effectif de la population augmente et que la densité d'individus dépasse celle de la population de Cistudes ne doit pas être négligée.
Quels sont les risques liés à une plus grande densité de Tortues de Floride que de Cistudes?
D'après deux études menées par Cadi et Joly et réalisées en milieu semi-naturel, la cohabitation des Tortues de Floride et des Cistudes avec de fortes densités provoque à terme une augmentation du taux de maladie voire de mortalité chez cette dernière espèce.
Si ces résultats s'avèrent effectifs en milieu naturel, la situation de la population de Cistudes d'Europe présente dans l'ancien méandre est particulièrement préoccupante.
Occupation de l'espace et déplacements
Les Tortues de Floride occupent principalement les eaux stagnantes entourées de roselières, surtout celles du nord de la zone d'étude (densité maximum au niveau de l'ancien méandre).
La très faible densité dans les roselières du sud pourrait être due au fait que l'espèce est en cours de colonisation ou à la faible disponibilité en eau libre dans ces sites, les rendant moins favorables.
De grands déplacements ont été constatés grâce au suivi par radiopistage, notamment des eaux stagnantes vers le cours vif du fleuve au cours de l'été.
La population est donc mobile et présente une importante capacité de dispersion.
De plus, en trois ans, trois individus ont été observés sur le cours vif du Rizzanese, de un à 4 km en amont de la zone d'étude. Ces observations tendent à montrer que la population n'est pas confinée à l'embouchure du fleuve mais qu'elle s'étend bien au-delà, dans la basse vallée du Rizzanese.
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Les trois années d'étude passées dans la basse vallée du Rizzanese ont permis de conclure à l'existence d'une population reproductrice, qui, avec une grande capacité de dispersion, s'étend au-delà de la simple embouchure.
Vu le contexte actuel de diminution de la biodiversité et la menace potentiel que représente la Tortue de Floride, la situation sur le site paraît préoccupante.
Cependant, les résultats nous ont permis d'acquérir de précieuses connaissances quant à la biologie et l'écologie de la Tortue de Floride, et notamment le type de milieu qu'elle privilégie. Ainsi, en parallèle avec les résultats obtenus par le piégeage, il est envisageable à plus ou moins long terme une gestion réaliste de cette sous-espèce par la capture.
LEXIQUE