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Pour leur deuxième sortie de l’année, une trentaine de membres de l’Association des Amis du Parc Naturel Régional de Corse ont fait un déplacement, rendu laborieux par les conditions climatiques, sur la côte ouest du Cap pour une journée découverte sur le thème du dynamisme d’un village, en l’occurrence celui de Canari.
Les participants furent accueillis par messieurs Bertoni, maire en exercice, Klein-Orsini responsable du Conservatoire du costume corse et Pellegrini Président de l’association Anima Canarese, qui firent un bref rappel de l’histoire de cette commune de onze hameaux, marquée par la tradition ancestrale de la pêche et au siècle passé par l’exploitation de la mine d’amiante.
Tout le monde fut convié ensuite à se rendre à la chapelle romane Santa Maria di Piève dont les corniches ne sont pas sans rappeler celles ornant l’église de Murato et où l’on peut découvrir, sur un mur extérieur, un curieux bénitier mural pour les cavaliers « pressés » de l’époque. Plus loin, la chapelle romane de Santa Maria Assunta, datant du XIIème siècle est en cours de restauration. On peut y admirer particulièrement un superbe tabernacle décoré à la feuille d’or, un orgue élégant surplombant la sacristie, et des dalles funéraires en marbre blanc sculptées en bas-reliefs dont l’un représente une noble dame tenant son enfant emmailloté dans les bras et datant de 1590.
Après déjeuner, monsieur Klein-Orsoni se livra à un rappel de ce que fut l’exploitation minière de Canari, fondée en 1941par la Société Minière de l’Amiante. Le minerai concassé, broyé, séché et ensaché provoquait d’importants dégagements de poussières, dont on connaît aujourd’hui la terrible nocivité. Il était manipulé sans précaution particulière par des ouvriers, qui ont payé un lourd tribut à cette absence minimale de sécurité. Ils devaient creuser des galeries de plusieurs centaines de mètres dans la montagne pour trouver des filons d’amiante et le chargeaient sur des wagonnets prévus pour se déverser dans d’énormes silos. Ce minerai dont la teneur avoisinait les 3% était chauffé dans des fours rotatifs qui séparaient la fibre de la pierre. Après tamisage et ensachage, le produit fini était convoyé jusqu’au port de Bastia d’où on l’embarquait pour Marseille. Le stérile, quant à lui, était directement déversé à la mer et à contaminé le littoral jusqu’à la célèbre plage de sable noir de Nonza. Ces atteintes au milieu et à la santé auraient pu se prolonger encore mais des problèmes de rentabilité mirent fin à l’exploitation du gisement en 1965. Un projet de réhabilitation du site est en cours d’étude, du moins pour ce qui concerne le curage des stériles et la re-végétalisation.
Une exposition de photos permit d’illustrer pertinemment les propos de l’intervenant.
Les membres de l’association furent ensuite conviés à se rendre au Conservatoire du costume corse qui présente une collection d’une quinzaine de tenues vestimentaires portées dans l’île au XIX ème siècle. Tout y a été confectionné à la main par l’atelier couture de l’association Anima Canarese d’après les travaux de Monsieur Pecqueux-Barboni, ethnologue et spécialiste du costume corse ancien. Cette superbe collection permet de constater que les vêtements féminins, issus des tissages locaux de laine, de lin ou de chanvre, étaient très colorés jusqu’à l’évolution vers le noir vers la fin du XIX ème siècle.
C’est par cette visite que prit fin cette journée top courte pour découvrir la richesse du patrimoine de Canari et notamment le convent Saint Antoine restauré en chambres d’hôtes. Nul doute que l’équipe des bénévoles rencontrés continuera sans faille à entretenir l’animation et, par voie de conséquence la vie, dans ce village.