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Une quarantaine d’Amis du Parc convergèrent au petit jour vers l’embouchure du Fango, non loin des ruines de la tour génoise, qui toise le golfe de Galeria depuis l’an de grâce 1552.
Nous y trouvâmes en faction : messieurs Daniel Rossi, maire de la commune, Président de la façade maritime du Parc et Jean-Marie Dominici, responsable de la réserve de Scandula au niveau du Parc Naturel Régional,
Nous fûmes lors invités à prendre place dans le magasin génois restauré en une superbe salle de réunion voûtée et attenant aux vestiges de la tour qui, rappelons-le, fut érigée au milieu du XVIème siècle concomitamment à l’exploitation forestière des forêts de l’arrière-pays de Galeria.
Monsieur le maire souhaita la bienvenue aux participants et rappela le travail accompli par Michel Leenhardt en tant qu’ancien directeur du Parc, au titre de la création du sanctuaire que nous pouvons admirer aujourd’hui.
Michel nous fit alors, un bref rappel de l’historique de la mise en place de la réserve : A l’origine, au début des années 1970, une mission était venue repérer l’intérêt du site. Les inspecteurs furent conquis par le côté grandiose de ce littoral entièrement préservé. En 1974, une mission de plongeurs a confirmé l’intérêt scientifique des fonds et la réserve fut créée l’année suivante. Puis et comment en aurait-il pu en être autrement, l’Unesco reconnut le caractère exceptionnel des lieux par un classement au Patrimoine mondial de l’humanité en 1983. Cédant la parole à Jean Marie Dominici, ce dernier nous entretint en particulier sur le rôle du Parc Naturel, dans la surveillance et la gestion des 1000 hectares de superficie marine et de l’équivalent terrestre de la réserve.
Avec son enthousiasme coutumier, il nous narra les résultats probants de ces dernières années qui s’appuient sur la charte et le plan de gestion de la réserve et qui ont permis de conserver le site intact.
Ces résultats exemplaires confèrent une telle image de marque à la Réserve que tous les programmes Interreg qui concernent le Parc sont systématiquement adoptés.
Il nous rappela brièvement tous les classements et inventaires la concernant :
* Zone Natura 2000 ;
* Site d’intérêt national classé ;
* Zone d’importance pour la conservation des oiseaux ;
* Zone de protection spéciale de la CEE pour les oiseaux ;
* Réseau Biomare, site d’intérêt planétaire ;
* Réserve des aires marines et côtières spécialement protégées de la Méditerranée ;
* Site de référence dans le réseau de Féderparc et Medpan ;
* Site diplômé par le Conseil de l’Europe pour sa bonne gestion.
Et comme pour illustrer cette prestigieuse carte de visite, Jean-Michel nous projeta, en avant première, un film de Georges Antoni, sur la réserve de Scandula, paradisu marinu.
On sait que la Commission Européenne attribue le diplôme européen avec des recommandations qui permettent aux gestionnaires de corriger éventuellement le tir. Ainsi, depuis 1985, on recommande l’extension de la réserve et de la zone intégrale. Cette dernière passerait de 80 ha a une superficie quadruple en arrivant jusqu’à la baie d’Elbo et la zone centrale s’étendrait de Galeria à Girolata. Ce projet, toujours à l’étude a de grandes chances d’aboutir.
Jean-Michel insista notamment sur le changement de philosophie relatif à la protection. Ainsi, à l’époque de la création de la réserve, on tenait ses richesses cachées, aujourd’hui, avec les moyens de surveillance accrus, on peut montrer la beauté du site et donc l’utilisation raisonnée des finances publiques.
La mission a aussi considérablement évolué par rapport à l’origine, il y a désormais une nouvelle donne, c’est le développement considérable du tourisme (19,vedettes de visite, jets ski, plaisance) et son impact nécessairement négatif. Ceci nécessite une adaptation de la réglementation, un accroissement de la surveillance et une politique constante d’information des populations, notamment en milieu scalaire.
Le balbuzard, le corail, les cétacés, les poissons, y trouvent un milieu exempt de pollution et de prédateurs, on ne peut plus favorable à leur épanouissement heureux.
Souhaitons, comme Jean-Michel, une longue vie à ce remarque exemple de préservation de la biodiversité.
Un déjeuner sur l’herbe face à la grande barrière totalement enneigée, dos à l’orée de la Réserve et face à la vallée du Fango, but de l’après-midi, dont les circonvolutions se perdaient au pied du Capu Tafunatu, permit aux Amis de communier une nouvelle fois autour du verre de l’amitié.
La troupe disciplinée entreprit alors de remonter sur quelques kilomètres le cours impétueux du Fango, alimenté par les immensités neigeuses de la grande barrière, jusqu’au Ponte Vecchiu où nous attendait Pasquale Siméoni, agent du Parc, technicien de rivière et maire de la commune de Manso.
Il se livra en premier lieu à une évocation afférente à la création, survenue en 1977, de la réserve de biosphère correspond au bassin versant du fleuve. Elle s'étage de la mer Méditerranée jusqu'à une altitude de plus de 2.500 mètres et sur ses 23 000 hectares, il est loisible d’observer différents étages d'un paysage de vallée à caractéristique méditerranéenne prononcée, de forêt sclérophylle et de maquis méditerranéens.
Pasquale, de par sa double casquette d’agent du Parc et d’élu est particulièrement sensible à la nécessité de protéger ce site, particulièrement exposé aux agressions s’il était livré à lui-même. La qualité de ses eaux limpides, d'excellente qualité chimique, pauvres en sels minéraux, et riches en truites endémiques est tributaire en premier lieu de la pression touristique qui peut atteindre jusqu’à 400 véhicules/jour en été, sur les neuf kilomètres de linéaire qui vont de Montestremo à l’embouchure !
La politique préconisée sera désormais celle visant à gérer les stationnements anarchiques en obligeant les vacanciers à utiliser un parking unique aménagé au bord de la départementale.
Cette logique répond également à un souci de sécurité en cas d’acheminement de véhicules d’urgence et permettra aux quatre cents habitants répartis dans les différents hameaux des communes de Galéria, Manso et Calenzana de ne pas trop pâtir de cette fréquentation humaine. Pasquale nous confia tout l’intérêt qu’il porte à l'embouchure du Fango, mosaïque de milieux particulièrement riches au niveau de l’avifaune, des amphibiens ou des reptiles.
La rivière et la vallée du Fango font partie d’un site Natura 2000 et de l’une des douze réserves de biosphère de France. Dans ces zones de protection, l’activité traditionnelle est maintenue coûte que coûte et de l'étage littoral où poussent de belles forêts alluviales en passant par l’étage méso -et supra- méditerranéens orné de sa remarquable forêt de chênes vert, jusqu’à l'étage montagnard, avec les forêts de pins laricio et leurs cortèges d'oiseaux endémiques et de mouflons pour finir à l’étage sub-alpin et alpin du Capu Tafunatu, un univers de vies heureuses et paisibles peuple les rives sinueuse de la rivière.
Pasquale rappela également l’importance des plans de gestion visant à gérer l’eau, les forêts et le tourisme et celle des contrats de rivière comme outils d’administration globale et concertée.
Et comment ne pas s’apercevoir, en ce bel après-midi d’hiver, que le passage des Amis sur le Ponte Vecchiu, au dessus de cette fluide pureté indéfiniment renouvelée, avait quelque chose d’émouvant !
Il nous restait à prendre la piste conduisant à la maison cantonnière de Piriu pour une présentation des activités de l’A.P.E.E.M. (19,Association pour l’Etude Ecologique du Maquis et des autres milieux naturels) qui y a implanté son laboratoire depuis 1972, lors de la première année européenne de protection de la nature, alors que la Corse était déclarée sinistrée en raison des incendies.
Bernadette Conrad nous rappela que l'A.P.E.E.M. appartient à la Fédération Française des Sociétés de Sciences Naturelles et reçu, en 1989, l'agrément du Ministère de l'Environnement
La vocation de cette association consiste à promouvoir le développement d'études pour une meilleure connaissance des écosystèmes et plus particulièrement du maquis. De plus, elle participe à la gestion de la réserve Man And Biosphere " Vallée du Fango " en partenariat avec le Parc Naturel Régional de Corse.
Bernadette évoqua les débuts de l’association et les rôles pionniers de sa mère Marcelle Conrad, de Pierre Simi et de Denise Viale sans lesquels rien ne serait.
Elle insista sur les domaines de compétence de l’association relatifs aux milieux naturels et marins, à l’éducation à l’Environnement, à la communication, à la sensibilisation et à la protection des territoires et des ressources naturelles.
L’A.P.E.E.M. œuvre également à mener des stages de formation et d’initiation à l’Environnement, développer et accueillir des programmes de recherche, organiser des conférences, publications et interventions en milieu scolaire.
Au terme de ce très intéressant exposé, Bernadette nous rappela que le 10 mai prochain, en ces mêmes lieux, se tiendra la Journée Marcelle Conrad, membre fondateur de l’A.P.E.E.M.
Il ne restait plus aux Amis qu’à redescendre dans la vallée du Fango et de sortir de cet Eden, dont nous devons l’existence à la passion et la bonne volonté de quelques pionniers.