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La cinquantaine d’adhérents qui vinrent à cette sortie, bravant une sévère bise d’automne, s’étaient rejoints au cœur du sartenais dans la perspective d’une visite du Musée de Préhistoire Corse et d’Archéologie, animée par son conservateur en chef : monsieur Paul Nebbia.
Notre hôte se livra, en premier lieu, à un bref rappel de l’histoire de la ville et de ses environs.
Après un riche passé préhistorique, la commune renfermant notamment les sites de Cauria, Paddadhju et Stantari, à l’époque médiévale, le centre de gravité de la vie industrieuse de la commune se déplaça vers la vallée de l’Ortolo où gisent les ruines du village de San Ghjuvanni. Au milieu du XVIème siècle, Sartène prit véritablement un aspect urbain avec l’érection des remparts génois qui n’empêchèrent en rien le sac de la ville en 1565 par Sampiero Corso et surtout la razzia barbaresque de 1583, où la majeure partie des survivants fut amenée en esclavage.
Fief incontestable de la Terre des Seigneurs, il fallut attendre la seconde partie du 20ème siècle pour que la plèbe sartenaise puisse enfin s’émanciper.
Revenant sur le musée dont il assure la direction, notre hôte rappela succinctement l’histoire de l’archéologie en Corse. Après le passage éclair de Prosper Mérimée, il faut remonter aux années cinquante du vingtième siècle pour que fleurisse la première génération initiée par Roger Grosjean, suivi de François de Lanfranchi, la seconde génération dont fait partie M. Nebbia peut s’enorgueillir de compter également dans ses rangs Jean-Claude Ottaviani, Joseph Cesari ou Michel Claude Weiss, enfin une troisième génération est représentée notamment par Daniel Istria, Kewin Pêche Quilichini, Paul Tramoni, Gilles Giovannangeli ou Franck Léandri.
Il fallu dix années pour aboutir au superbe musée qui nous accueillait ce jour, après la fermeture de son prédécesseur. Le bâtiment ne proposant pas encore au public la salle dédiée à la statuaire ainsi que celle vouée aux amphores. Ce musée de Préhistoire Corse et d’Archéologie a une vocation régionale, sachant que Levie et Aleria disposent de leurs fonds propres.
Le conservateur insista sur le problème de la conservation des objets. A titre d’exemple il nous fit part des dégradations constatées sur les statues de Cauria et de Paddaghju, depuis que celles-ci ont été érigées à l’air libre consécutivement à leur découverte.
Enfin, avant que nous piloter dans les nombreuses pièces du Musée, Paul Nebbia nous entretint quelques instants sur les découvertes récentes faites dans la région et notamment dans le secteur de Filitosa où, fait très rare, des restes de sept individus du Mésolithique ont été découverts.
Descendant le magnifique escalier qui descend vers les salles d’exposition, nous arrivâmes dans le saint des saints qui renferme un trésor dont l’inventaire requerrait des hectares de papyrus et une armée de scribes.
Imaginez des milliers d’objets savamment rangés dans des vitrines thématiques et comprenant : fragments de vase, pendeloques, perles, poignards, pendentifs, pointes de flèches, haches, tessons de poteries, lames de silex et d’obsidienne, fusaïoles, vases, coupes, pesons, bracelets, couteaux, masses d’arme, jarres, industries diverses sur os, meules et molettes, hameçons, armatures tranchantes, faucilles, céramiques, creusets, moules, gobelets, statuettes, fibules, boucles de ceintures, chaînettes, boutons, lampes à huile, lingots de métal, épingles, peignes, cruches, assiettes, carreaux d’arbalète, boucles d’oreille, arquebuses, embouts de lance, boulets, monnaies, cottes de maille, fer à cheval, gardes d’épée, vaisselles, clous de charpentiers, le tout s’étageant du Mésolithique jusqu’au XVIème siècle et dont la partie prépondérante relève néanmoins de la préhistoire.
C’est sous la conduite du conservateur lui-même, que nous nous émerveillâmes devant ces myriades de témoignages de la vie de nos ancêtres, agrémentés par les commentaires éclairés de notre guide d’un jour.
Il était déjà fort tard quand les Amis du Parc firent la pause déjeuner, aimablement hébergés par la municipalité dans le théâtre de verdure.
A l’issue, nous fûmes reçus par monsieur Mondoloni, adjoint au Maire et Président de l’Office Municipal du Tourisme qui nous rappela que la commune est l’une des plus vaste de France, pour une population d’à peine plus de 3.000 habitants !
Il porta à notre connaissance le fait que la ville avait été promue en 2008 dans le réseau national, animé par le ministère de la Culture et de la Communication : « Villes et Pays d'art et d'histoire ». Réseau qui regroupe 137 villes et pays d'art et d'histoire attachés à la valorisation et à l'animation du patrimoine et de l'architecture. Un projet en collaboration avec la Collectivité Territoriale de Corse, le Conseil Général de la Corse du Sud, l’Office du tourisme intercommunal et la Direction Régionale des Affaires Culturelles est actuellement mené pour mettre en valeur le riche patrimoine bâti. Cela passera par un classement de la ville en Zone de Protection du Patrimoine Architectural, Urbain et Paysager. Cette politique a pour but d'assurer la protection du patrimoine paysager et urbain et de mettre en valeur des quartiers et sites à protéger pour des motifs d’ordre esthétique ou historique en exprimant l'ambition d'améliorer la notion de champ de visibilité (19,périmètre de 500 m aux abords d'un monument historique) en lui substituant un « périmètre intelligent ».
Avant de se disperser, une visite de la vieille ville, munis d’un audioguide, permit à nombre d’Amis du Parc de découvrir ou de redécouvrir les charmes discrets de la plus corse des villes corses.