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En ce dernier jour d’automne, la haute vallée de l’Ascu avait déjà basculé franchement dans la froidure et le mauvais temps, signes annonciateurs d’un hiver qui allait se révéler -par la suite- comme un des plus rigoureux de ces dernières décennies.
Le point de ralliement pour les assidus des sorties « nature » fut le pont situé juste après le village d’Ascu, à partir duquel la route serpente la rive droite de l’affluent du Golo.
Il fut décidé de progresser en direction de la station de ski autant que faire se peut, vu l’enneigement déjà présent et c’est au niveau du camping « Monte Cinto » que les participants durent laisser leur véhicule afin de ne pas enfreindre les règles minimales de sécurité.
C’est en empruntant la piste forestière qui longe le talweg du ruisseau de Manica , que l’équipe progressa vers les bergeries du même nom. Chemin faisant, elle tenta d’entrapercevoir l’animal emblématique de la montagne insulaire, dont il faut rappeler qu’en des temps reculés, l’espèce fut domestiquée par l’homme dans plusieurs îles de la Méditerranée et qui s’ensauvagea progressivement suite à l’abandon de son élevage.
Son introduction semble remonter au moins au III ème millénaire avant J.C. et des témoignages oraux laissent à penser que l’espèce avait largement essaimé la montagne corse.
Dans les années soixante, il ne subsistait que deux noyaux regroupant moins de ceux cents têtes. Deux décennies plus tard, un comptage de l’Office National des Forêts dénombra trois cent quatre-vingt dix individus dans le massif du Cintu et cent quatre-vingt dix dans celui de Bavella. Depuis, de nouvelles observations allèguent un accroissement numérique certain ainsi qu’une sensible expansion géographique.
Il faut dire que ce ruminant se complait sur des reliefs accidentés entre sept cents mètres et les plus haut sommets et que son observation se révèle difficile pour peu que le vent ait porté jusqu’à lui les effluves du randonneur. En hiver, naturellement, il redescend vers les vallées quand l’enneigement se trouve trop important afin de trouver de la nourriture dans les cytises et les arbousiers, notamment. Par contre en été, il aime divaguer dans les pâturages de l’étage montagnard et subalpin où il s’alimente de graminées.
Au bout d’une heure de marche, le groupe put enfin observer une femelle et deux petits qui erraient dans le sous bois à la recherche de subsistance. Malheureusement, ce laps de temps trop bref ne fut pas suffisant pour photographier dans de bonnes conditions les animaux entraperçus.
Le mauvais temps persistant ne permit pas aux protagonistes de poursuivre sur l’itinéraire escompté et après une collation réparatrice, ils durent revenir vers la départementale afin de retrouver leur véhicule. Tous frigorifiés, mais ô combien heureux d’avoir pu être les témoins privilégiés de la course gracieuse des mouflons vers les contreforts enneigés.