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La vallée de Luri avait revêtu ses lumineux habits de printemps pour recevoir les six douzaines de membres de Amis du Parc qui avaient fait le déplacement du cap Corse en ce dernier dimanche d’avril.
Accueillis par monsieur Barbier, animateur de l’association « Les Jardins Traditionnels du Cap Corse », ce dernier se livra à un rappel des origines de l’association.
Elle remonte à 1991 et sa vocation initiale était de créer une dynamique dans le domaine de la prévention des incendies qui rappelons le, ont durement touché la région ces dernières décennies. Avec le temps, l’idée de mettre en œuvre une préservation du patrimoine végétal en collaboration avec le Parc Naturel Régional germa dans les esprits.
Une véritable quête des greffons et semences d’origine locale débuta alors et en 1996, ce furent trois cents arbres fruitiers représentant environ une centaine d’espèces ainsi qu’une bonne trentaine de variétés légumières qui furent plantés.
Financés en grande partie par l’Office de l’Environnement et même par le programme européen Leader +, Les Jardins du Cap oeuvrent désormais sur une palette plus large, allant notamment de la réception et l’information du public, à la préparation des plants, à la préservation des espèces végétales, à la conduite de stages sur l’art du jardinage, de la taille ou de la greffe et à l’éducation des jeunes enfants par le biais d’ateliers in situ.
Désormais, les animateurs de l’association se plaisent à rêver d’un projet de conservatoire participatif dans lequel les jardiniers amateurs oeuvreraient également à la préservation de la spécificité végétale insulaire, thème particulièrement d’actualité à une époque où certaines plantes envahissantes exogènes colonisent l’île.
A l’issue de cet exposé, monsieur Barbier nous convia à une visite guidée des 3 hectares du domaine en commençant par les deux salles de la maison des expositions consacrées pour la première à Marcelle Conrad, l’éminente botaniste aujourd’hui disparue. Rappelons que son œuvre, contribuant à la connaissance de la flore insulaire, est unanimement reconnue et quel bonheur de percevoir, évanescente, son âme douce planant dans ces lieux illuminés par les aquarelles et les ouvrages qu’elle nous légua. Dans l’autre pièce dite salle des jardiniers, nous découvrîmes un autre lieu de mémoire : celle des savoir-faire constituée des objets pratiques ou cultuels fabriqués avec des végétaux et celle du Conservatoire représentée par une grainothèque et une photothèque afférentes aux ressources végétales du Cap Corse.
Au dehors de ces lieux de souvenir, nous empruntâmes ensuite un radieux verger essaimé d’une kyrielle de cerisiers, pruniers, figuiers, pêchers, poirier, oliviers, néfliers, pommiers, en général plantés par groupe de trois par variété, soignés et amendés de manière naturelle pour pérenniser le label bio de la production.
Non loin de là, un potager et une serre produiront bientôt un feu d’artifice d’aubergines du cap, de tomates, d’oignons de Sisco, de courgettes, de salades, de courges à gourde, de câpres, de haricots grimpants qui seront vendus dans le cadre d’un petit marché journalier de juillet à septembre.
Empruntant un espace en sous bois resté sauvage, nous atteignîmes la Maison du goût où nous dégustâmes nombre de conserves produites par l’Association à partir des légumes et des fruits du Conservatoire : confitures, sauces ou condiments qui produisirent aux gourmands un véritable feu d’artifice des papilles par leur nuance sucrée ou salée.
Un déjeuner pris à l’ombre d’oliviers centenaires, sur des tables naturelles en lauzes du Cap, permit aux Amis du Parc de recouvrer quelques forces à l’issue de cette passionnante déambulation bucolique.
En début d’après-midi, Madame De Marco, mairesse de Luri nous attendait sur la remarquable place ombragée qui jouxte la mairie. Après nous avoir présenté sa commune et la problématique de son développement, nous visitâmes le Musée de la vigne et du vin « A Mimoria di u Vinu » en compagnie de son mentor Monsieur Pieretti. A l’intérieur, un trésor constitué d’objets authentiques que les vignerons ont su préserver : Palmentu, tribbiu, botte, cistini, ambuti, cenelle et que l’Association «A Cunfraternita » a su recueillir et mettre en valeur. Non loin de là, des cépages anciens conservés à travers les âges, revivent dans la petite vigne plantée près du musée.
Pour ceux qui le voulurent une initiation aux arômes dédiés aux vins et aux paysages corses pu se faire par le truchement du jeu « Muschi di Corsica » basé sur les parfums des vignes corses et comportant un quiz qui permet de tester ou d'élargir ses connaissances de l'île, de ses vins, de sa gastronomie, de ses paysages et de ses traditions.
A quelques pas nous pûmes visiter la confrérie Santa Croce en cours de restauration par l’association A Cunfraternita, née en 1987 afin de restaurer cet édifice religieux abîmé par le temps et dans le but de le transformer en un lieu convivial de réunions, spectacles, conférences, expositions..., espace qui faisait défaut à la Commune.
Enfin, nous nous transportâmes dans la superbe église Saint Pierre et Saint Paul qui constitue son pendant sacré à l’autre bout de la place.
A noter la présence d'un orgue italien rénové d'importance historique. On peut également admirer un tableau datant du XVIème siècle représentant la vie de Saint Pierre avec en fond, un aperçu du lieu avant que l’église n’y soit bâtie, au XVème siècle. Dans les détails de la toile, on peut apercevoir la tour des Motti qui a précédé la tour de Sénèque ainsi que le château San Culumbanu de Rogliano.
Comment clore cette passionnante journée à Luri autrement que par un vin d’honneur ? C’est justement ce qui nous attendait dans la Confrérie, moment de grande convivialité qui donna certainement le goût à plus d’un d’entre nous de revenir à Luri pour sa Fiera di U Vinu de début juillet.