Conservatoire d'espaces naturels de Corse

patrimoine naturel et culturel de la Corse

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Le milan royal

Nom scientifique : Milvus milvus

Noms corses : Filanciu

Envergure : 145-165 cm

Longueur : 60-66 cm

Poids : 750-1300 g

Ordre d'affichage : 5

Description : Son plumage est brun roux dessus, strié de noir dessous, sa tête, sa nuque et sa gorge sont blanchâtres striées de sombre. La femelle est un peu plus terne. Le bec est jaune à la base, gris à l'extrémité. En vol, il présente une silhouette caractéristique, avec ses longues ailes étroites et fortement coudées, des taches claires sous les ailes et sa queue échancrée.

Le Milan royal est une éspèce endémique du paléarctique occidental, sa population mondiale est comprise entre 23500 et 28600 couples (Aebisher, 2009, 2014) répartis pour l'essentiel en Allemagne (12000-15000 couples), Espagne(2000-2200 couples en 2001/2005, France (2340-4020 couples), Grande-bretagne, Italie, Suède (1800 couples) et Suisse (1200-1500 couples). Les populations de la Corse, du sud de la France et de certaines régions d'Espagne et d'Italie sont sédentaires, alors que celles plus septentrionales sont plutôt migratrices (ou du moins elles font des déplacement significatifs).

La reproduction du Milan royal est attestée dans 24 pays, mais il a disparu de sept d'entre eux au XXème siècles. Il a également disparu de certaines régions européennes (Champagne, Ardennes, Donana, Toscane...). Une tendance au déclin est notée dans plusieurs pays européen: 25% en Allemagne, 30 à 50% en Espagne, ainsi que dans toute la Méditerranée, sauf en Corse. En france, entre les enquêtes réalisées en 2002 puis 2008, la baisse d'effectif est de 22%, avec la majorité des carrés d'échantillonnages où l'espèce est en déclin (Pinaud et al, 2009). Il s'agit là d'un déclin général déffectif et de distribution. Il semble que cette régression soit due soit à un probolème de survie des adultes et des immatures (par exemple au cours des migrations), soit à un problème de fécondité ou de reproduction probablement liée à la diminution des ressource alimentaires. Cette seconde hypothèse serait actuellement privilégiée (Bretagnolle et al, 2009).

 

Régime Alimentaire: Très opportuniste pour son alimentation le Milan est à la fois chasseur et charognard, ses proies sont très variées (micromammifères, oiseaux, reptiles, insectes...). Dans le Reginu, 80% de son alimentation est composée par le lapin de garenne.

Comportement: En corse, les populations sont sédentaires, mais dans le reste de l'Europe il est principalement migrateur selon un axe Nord-Est/Sud-Ouest.

Habitats: Le Milan est typiquement une espèces des zones agricoles ouvertes associant l'élevage extensif et la polyculture. Les paysages très boisés sont moins favorables à la chasse et à l'alimentation. Le Milan royal niche des plaines jusqu'aux étages collinéen et montagnard (jusqu'à 1400 mètres), mais on peut le trouver plus haut lorsqu'il recherche sa nourriture.

Reproduction: Le nid du Milan se trouve généralement sur de gros arbres à l'accès facilité par une lisière ou une trouée en forêt. Il est constitué de grosses branches et de brindilles ainsi que divers matériaux d'origine humaine (papiers, chiffons, plastics...). La période de ponte s'étend de mars à avril, l'incubation dure 31 à 32 jours, les jeunes, généralement 1 ou 3, prennent leur envol environ 50 jours suivant les naissances.

 

Vidéo de jeunes Milans au nid

 

Menaces :

Il y a encore vingt ans, le Milan royal était un rapace commun. Aujourd'hui, c'est une espèce gravement menacée. Ses effectifs ont chuté et son aire de répartition a considérablement diminué. Les causes de son déclin sont multiples : la progression des surfaces cultivées ; les modes de cultures plus intensifs associés aux traitements phytosanitaires réduisant son habitat et le nombre de proies disponibles. A cela s'ajoutent les empoisonnements accidentels directs à travers l’ingestion de raticides et indirects à travers l’ingestion de proies contaminées mais aussi les empoisonnements volontaires (faits en toute illégalité). Il y a également la fermeture des décharges, sachant que 80% de la population hivernante est liée à des décharges ; les tirs d’armes à feu (malgré la réglementation les interdisant) ; les collisions avec des véhicules routiers, des lignes électriques, des éoliennes ; le dérangement lors de la nidification mettant alors en péril la pérennité de la nidification et des jeunes.

 

Statuts :

Espèce protégée. Inscrite à l'annexe I de la directive Oiseaux, convention de Washington, convention de Berne, liste rouge UICN (niveau national, européen, mondial).                                                                                                                           

En Corse, une estimation des populations réalisée en 1996 (Mougeot et Bretagnolle, 2000) mentionne une fourchette d'effectif de 145-250 couples (l'enquête nationale rapaces de 2002 fournit une estimation de 200-270 couples (Thiollay et Bretagnolle, 2004), soit plus de 80% des populations insulaires de Méditerranée Occidentale). D'après l'enquête nationale réalisée en 2017, la Corse atteindrait désormais, sur les secteurs étudiés, un effectif estimé à 541 Milans en Janvier 2017, et à 706 Milans en décembre 2017.

 

Les actions du CEN Corse pour le Milan royal :

Un programme de surveillance de la population de Milan royal en Corse est porté par le Conservatoire d'Espaces Naturels depuis 2006, grâce à son intégration dans la convention avec la DREAL Corse, complétée depuis 2007 avec le soutien de la Collectivité Territoriale de Corse (Office de l'environnement de la Corse).

Après cette issue et compte tenu de la vulnérabilité de l’espèce au niveau national, un nouveau plan national d’action a été mis en place pour la période 2018-2027.

En Corse, le CEN Corse, la LPO, la DREAL, l’OEC, et les autres partenaires se mobilisent, dans le cadre du PNA, pour protéger, sauvegarder et améliorer la conservation des populations de Milans royaux.

Les actions "Milan" réalisées par le Conservatoire et avec l'aide des bénévoles sont les suivantes :

  • Un suivi de reproduction sur le secteur d’Ajaccio
  • Un suivi de reproduction dans la vallée du Reginu
  • Un suivi de dortoir sur toute la Corse
  • Un suivi des oiseaux marqués
  • Une transmission des données aux différents partenaires (OGREVA, DDTM, LPO) et participe au bilan annuel du réseau national Milan.

 

- Action de suivis des dortoirs hivernaux

Une vingtaine de dortoirs ont été suivis en Janvier 2017 et 541 Milans ont pu être comptabilisés sur les différents dortoirs connus en Corse. A partir des mêmes dortoirs, d’autres comptages ont été réalisés en décembre 2017. 706 Milans ont pu être comptabilisés. Le différentiel constaté est assez important avec 165 Milans comptés en plus en décembre 2017 par rapport à janvier 2017.

 

- Action de suivis de la reproduction

Deux sites de référence nationale pour le suivi de la reproduction ont été choisis en Corse : Vallée du Reginu (6400 ha) et la région d'Ajaccio (17940 ha).

Le secteur d'inventaire du Reginu a été concentré sur la ZPS et sa proche périphérie, à partir des informations recueillies en 2006 et 2007 sur la localisation des nids, ainsi que de nouvelles observations. La ZPS concerne 8 communes (Belgodere, Costa, Feliceto, Occhiatana, Sant'antonino, Santa Reparata di Balagna, Speloncato, Ville di Paraso) et porte sur 3700 ha.

Afin d'obtenir des informations comparatives d'une année à l'autre, une délimitation d'une zone d'étude a été faite depuis 2009. Celle-ci englobe la totalité de la ZPS, mais se base sur la limite du bassin versant du Reginu, en se restreignant toutefois juste au-dessus des villages car les Milans ne nichent pas plus haut (pas de boisement suffisant). La surface de la zone d'étude initiale (6400 ha) a été ramenée à la délimitation de la ZPS du Reginu (3700 ha).

Les opérations menées sur le Milan royal dans la vallée du Reginu s'inscrivent aussi bien dans le suivi de l'avifaune du site (particulièrement la ZPS) que dans le cadre du relais du Plan National d'Actions pour cette espèce.

 

- Bilan du suivi sur la ZPS du Reginu 

Depuis 2009, grâce à un financement spécifique de la DREAL, un effort particulier a pu être mis en place sur la région ajaccienne. Cette opération a visé à évaluer l'importance numérique d'une population distincte géographiquement de celle de la Balagne et d'obtenir des éléments de comparaison entre ces deux populations.

En 2017, l’action du suivi de la reproduction pour cette zone échantillon n’a pu aboutir, nous avons effectué quelques jours de terrain en début de saison puis l’opération de suivi s’est interrompue en raison de problèmes administratifs et financiers.

Pour information, le dernier recensement sur la ZPS, effectué en 2016, faisait état d’une population estimée entre 140 et 150 couples. Le suivi d’une telle population demande au moins 35 jours de prospection, ce temps pouvant varier selon les objectifs de la mission (recensement exhaustif, suivi d’un secteur échantillon, bilan de reproduction avec jeunes à l’envol…).

 

- Bilan du suivi sur la zone d’étude du grand Ajaccio 

  1. La répartition et l’effectif :

La zone d’étude a été modifiée en raison d’une réduction du temps consacré au suivi de la reproduction (voir carte 3). Le suivi concerne uniquement les couples présents dans la zone d’étude.  Le suivi des Milans dans le grand Ajaccio a débuté en 2006, et dès 2009 quasiment tous les couples sont connus et suivis de façon exhaustive. Ainsi la pression d'observation importante a permis d’appréhender l'utilisation du territoire par les Milans et de comprendre quelques comportements.

  1. La reproduction :

 Le tableau suivant présente les informations de la reproduction 2017, ainsi que celles de 2015 et de 2016 pour comparaison.

 

2015

2016

2017

Superficie zone étude (ha)

20300

20300

17940

Nombre de couples ayant construit/territoriaux

55

68

53

Nombre de couples ayant pondu

52

46

36

Nombre de jeunes à l’envol

54

53

51

Nombre de couples en échec après ponte

19

16

6

Nombre de couples ayant produit des jeunes

32

30

30

Nombre de nichées à 1 juv à l’envol

16

10

12

Nombre de nichées à 2 juv à l’envol

11

16

15

Nombre de nichées à 3 juv à l’envol

5

3

3

Nombre de nichées à 4 juv à l’envol

0

0

0

Densité (N couples /100 km2)

27

33

30

Succès reproducteur (N jeunes envol/N couples ayant pondu)

1,03

1,15

1,41

 

Nombre d’oiseaux marqués

13

0

0

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

En 2017, les 53 couples suivis ont donné 51 jeunes à l’envol. Le succès reproducteur est un peu plus élevé que les autres années.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

- Action de baguage et de contrôle des Milans marqués

Le baguage et marquage sont des opérations scientifiques placées sous l'autorité du Muséum National d'Histoire Naturelle de Paris (Centre de Recherche pour le Baguage des Populations d'Oiseaux - CRBPO). Elles sont nécessaires pour connaître le fonctionnement des populations.

Le marquage alaire est couramment utilisé chez les rapaces planeurs. La pose de marques en plastique sur les ailes permet une reconnaissance individuelle de chaque oiseau à une distance de plusieurs dentaines de mètres. Un programme de marquage alaire a débuté en 2005 en France sur le Milan royal. il vise, d'une part, à connaître la dynamique des populations et taux de survie des individus. Il doit, d'autre part, permettre d'obtenir des informations sur la localisation des zones d'hivernage, la philopatrie, l'indentification et la taille des territoires, la fidélité des partenaires ou encore les liens familiaux.

Une marque composée de deux couleurs (six couleurs au total - les couleurs orange et verte ne sont plus utilisées en raison des risque de confusion) est fixée sur chaque aile de l'oiseau (jeune de l'année uniquement) la lecture de fait de haut en bas et de l'aile gauche vers l'aile droite.

La marque posée sur l'aile gauche renseigne sur l'origine géographique:

Rouge: Massif Central

Blanc: Franche-Comté (Blanc/Blanc)

Noir: Nord-Est (Noir/Blanc pour la Champgne-ardenne, Noir/Rouge pour la Bourgogne)

Bleu: Pyrénées

Rose: Corse (Rose/Blanc, Rose/Bleu et Rose/Jaune pour le Reginu, Rose/Rouge et Rose/Rose pour Ajaccio)

Depuis 2010, 2693 contrôles ont été effectués sur de très nombreux sites de Corse. Certains Milans sont vus relativement loin de leur lieu de naissance, jusqu'à la décharge de Teghime pour un Milan né à Ajaccio (90 Km), jusqu’ à la décharge de Prunelli di Fium’orbu pour des Milans nés dans le Reginu (70 Km) et deux Milans contrôlés à la décharge de Viggianellu (extrême sud-ouest), l’un né à Ajaccio et l’autre né dans le Reginu (100 km) (observation de juillet 2017, né en 2010 dans le Reginu, donc âgé de 7 ans). Les lieux où sont effectués les contrôles sont principalement les dortoirs, décharges et charniers à gypaètes qui rassemblent de nombreux Milans.

 

- Action réintroduction des Milans en Italie

Le projet de reconstitution de la population de Milan royal en Italie centrale a fait l'objet de plusieurs études de faisabilité validées par les Istituto Superiore per la Protezione e la Ricerca Ambientale (ISPRA°.

Ce projet repris en 2011 s'incrit dans la démarche de reconstituer une population  stable dans le centre de l'Italie, avec dans un premier temps une focalisation sur les régions des Marche et la Toscana. Ainsi, deux programmes ont vu le jour, soutenus par des contributions européennes (programme LIFE) et portés par deux communautés de communes:

- Communità Montana dell'Esino Frasassi, associant le Parc Naturel Régional de la Gola della Rossa e di Frasassi pour la région des Marche

- Communità Montana Amiata Grossetano pour la Toscane

Cette population renforcée se situerait d'un point de vue géographique entre celles du Sud de l'Italie et celles de Suisse (et de Provence). A terme, la multiplication de différents noyaux de population en Italie formerait un continuum entre les Milans du Nord de l'Europe (plutôt migrateurs) et ceux du Sud (a priori sédentaires).

Le principe de l'opération de réintroduction est basé sur le prélèvement au nid de jeunes des populations d'origine (ici la Corse et la Suisse). Les nids sont préalablement sélectionnés en fonction de leur occupation et de la présence d'au moins deux jeunes. Un seul oiseau (ou éventuellement deux lorsqu'il s'agit d'une nichée de trois poussins) est prélevé à l'âge de 4 à 6 semaines.

Pour la Corse, ce programme a débuté en 2007 (uniquement à partir de jeunes venant de la vallée du Reginu), conforté par une opération similaire à partir de 2008 avec des oiseaux suisses:

- 2007: 5 oiseaux venant de Corse

- 2008: 14 oiseaux venant de Corse, 6 de Suisse

- 2009: 15 oiseaux venant de Corse, 10 de Suisse

- 2010: 15 oiseaux venant de Corse, 10 de Suisse

- 2011: 15 oiseaux venant de Corse, 10 de Suisse

- 2012: 15 oiseaux venant de Corse, 9 de Suisse

- 2013: 13 oiseaux venant de Corse, aucun de Suisse

- 2014: 6 oiseaux venant de Corse, aucun de Suisse

Le programme s'est terminé en 2014 et les premiers oiseaux relachés se sont reproduits sur place. En 2014, on évalue la population à une vingtaine de couples reproducteurs et plusieurs dizaines d'oiseaux sont régulièrement repérés. Un succès!

 

Communication lors de congrès et séminaires

  • Participation aux séminaires nationaux "Milan Royal"
  • Participation au séminaire final du programme LIFE "save the flyers" en Toscane en 2014
  • Rédaction d'articles de presse

 

 

ENQUETE PARTICIPATIVE SUR LE MILAN ROYAL 

 

Une enquête participative est mise en place sur toute la Corse pour l’observation de Milans royaux. On constate que la fréquence d’observation est plus faible dans plusieurs microrégions du sud. C’est pourquoi un effort de prospection est à réaliser par chacun d’entre vous.

Vous pouvez remplir le tableau mis à votre disposition et l’envoyer à l’adresse : contact@cen-corse.org ou directement remplir vos résultats à l’aide du QR Code.

 

Ouvrez l'œil, chaque observation compte !

 

Merci de votre contribution !

 

 

Site internet LPO mission rapaces

Site du programme LIFE "Save the flyers"

Site de l'association Oiseaux de Corse

PNA Milan royal 2018-2027