Conservatoire d'espaces naturels de Corse

patrimoine naturel et culturel de la Corse

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Porto-Vecchio et ses environs

Sortie Découverte - Le 29/01/2006 - Lieu : Dans le Sud

En ce dimanche 29 janvier, l’Association des Amis du Parc Naturel Régional de Corse avait choisi la cité du sel comme destination pour sa première sortie de l’année
Porto-Vecchio siège de la cinémathèque Régionale, recevait la vingtaine de membres de l’association qui avait fait le déplacement en dépit d’une météo pour le moins dissuasive.
Accueillis par madame Marie-Rose Santini, responsable des affaires culturelles de la Ville, les visiteurs entreprirent la visite des lieux sous la direction éclairée de monsieur Jean-Pierre Mattei, cheville ouvrière et ancien président de la Cinémathèque.
C’est par l’exposition d’affiches et de photos de tournages des films où participa l’éminent photographe Jean-Louis Castelli que débuta le très passionnant parcours au sein de la Casa di lume.
Une présentation des salles en sous-sol, « le royaume du film » comme se plait à les dénommer Jean-Pierre Mattei, s’ensuivit.
Des rayonnages contenant plus de 5.000 livres traitant du 7ème art, des revues, des scenarii, des press-books, des postes de consultation à la disposition des chercheurs et des étudiants, environ 15.000 affiches, un centre de stockage où l’hygrométrie doit être de 50% et la température maintenue entre 10 et 12 °C abritant plus de 6.000 films sur des bobines en 35, 16, 9.5 et 8 mm ou en vidéo-cassettes, des diapositives, des ateliers dédiés au nettoyage, à la réparation et à la duplication complètent ce dispositif
Stéphanie Drevet, technicienne audiovisuelle, rappela que la Cinémathèque Régionale récupère auprès des particuliers des films anciens, souvent abîmés, à qui l’on fait subir tout un processus de restauration : nettoyage dans des bains destinés à les débarrasser de toutes les impuretés accumulées au fil des années, montage, collage, autant d’opérations qui demandent une infinie patience. A l’issue, une vidéo est réalisée par un procédé de télécinéma, permettant une consultation ou une diffusion aisée par la suite. Les généreux donateurs obtenant bien entendu une copie de leur précieux dépôt.
A noter que pour le moment, seules les bobines en 35 et 16 mm peuvent bénéficier d’un système automatisé. Pour le reste, c’est encore « à la main » que les copies sont réalisées.
Au delà de ces tâches de collecte et de restauration, le personnel de la Cinémathèque entreprend un inventaire informatique du fonds, qui à son terme devrait permettre d’accéder à tous les média afférents à une œuvre par une simple consultation d’une base de données.
En fin de matinée, accueilli par Karim Ghiyati, directeur artistique, les visiteurs furent conviés à la diffusion de deux films dans la salle de projection Abel Gance. Il s’agissait de deux courts métrages, l’un tourné en 1936 par Jean-Claude Bernard dans la série « Chez nous en France » présentant une nostalgique déambulation dans les paysages de la Corse d’avant-guerre et l’autre produit par la Parc Naturel Régional consistant en un témoignage ethnographique sur la filière de la châtaigne, réalisé en 1974 par Noëlle Vincensini.
Jean Pierre Mattei mit l’accent sur le fait que la Cinémathèque Régionale et son équipe de 9 salariés constitue un lieu d’étude, de recherche, de documentation et de diffusion particulièrement orienté sur le patrimoine du cinéma Corse et Méditerranéen.
Elle prépare actuellement en collaboration avec le musée de la Corse à Corte, l’exposition « Corse et tourisme » qui sera visible à partir de juillet prochain. La contribution de Casa di lume se situant au niveau de la fourniture d’affiches de cinéma qui ont contribué à l’attrait touristique de l’île de beauté.

Après le déjeuner, les membres de l’Association se transportèrent à Muratello, pour visiter l’entreprise des frères Tafani, exploitants de la filière liège, installés dans ce hameau de la localité.
Il est à noter que cette industrie que perpétuent quelques passionnés et qui a connu sa période de gloire dans l’extrême sud, il y a encore quelques décennies, connaît à présent un relatif déclin.
On nous apprit que l’écorçage du liège s’effectuait en deux phases : le démasclage ou récolte du liège mâle sans valeur mais qui permet le développement du liège femelle sous-jacent, qui subira une opération de levée par la suite. On effectue ces opération grâce à des haches spéciales au tranchant très fin et au manche biseauté.
Le liège est un tissu végétal formé de cellules mortes aux parois subérifiées qui protège les parties vivantes du tronc. Après l’écorçage, la partie mise à nue se dessèche en partie pour former une croûte qui reconstituera plus tard les couches concentriques mâles et femelles.
Sur de vieux individus jamais exploités, on a pu relever des épaisseurs de lèges mâle allant jusqu’à trente cm, mais il se crevasse avec le temps et son manque d’élasticité le rend impropre à toute utilisation. Le démasclage se pratique quand l’arbre a atteint une trentaine d’années. Se développe alors une nouvelle écorce liègeuse plus régulière, plus élastique appelée liège femelle qui doit avoir une épaisseur d’au moins trois cm pour être utilisable. On pratique des cycles d’exploitation d’environ dix années, en deçà duquel on épuiserait l’arbre et au delà duquel le liège femelle finirait par se crevasser. Ces délais font qu’un arbre subira entre douze et quinze écorçages au cours de sa vie.
La levée se déroule de la manière suivante Après avoir examiné l’état sanitaire de l’arbre, le leveur nettoie le tronc afin de dégager notamment le talon (19,partie la plus proche du sol). Il réalise ensuite la couronne (19,entaille circulaire à la hauteur souhaitée) et découpe le tronc en deux ou trois planches en essayant d’utiliser les fentes naturelles du liège pour réaliser ces coupes verticales. Puis fait tourner sa hache pour le décoller en évitant toute blessure à la partie mère du tronc. Vient ensuite le décollement opéré grâce au manche biseauté de la hache qu’on introduit dans la partie haute et qui fait office de levier pour cette délicate opération qui doit absolument respecter la matrice de l’arbre sous peine de lui causer une blessure fatale.
A Porto-Vecchio cette récolte s’opère entre début juin et fin août, par une rotation entre différentes parcelles, dont l’éloignement nécessite parfois encore des transports à dos de mulets. Les ouvriers spécialisés dans cette tâche travaillent en binôme et peuvent récolter jusqu’à dix quintaux par jour. Le liège est ensuite stocké environ deux ans puis exporté vers la Sardaigne voisine où il subira sa transformation finale
Il sera utilisé alors dans de nombreux domaines : la construction (19,isolation thermique et acoustique), l’industrie du froid, de l’automobile, du textile, de la pêche, de la chaussure, des emballages, du sport et surtout dans le bouchonnage qui a retrouvé ces lettres de noblesse après l’intermède raté des bouchons en matière plastique
Il faudrait plutôt parler des bouchonnages car on distingue le bouchon en liège naturel (19,fabriqué d’une seule pièce), du bouchon en liège colmaté (19,les défauts sont comblés par une poudre de liège), du bouchon en liège aggloméré, du bouchon « 2+1 » (19,les deux extrémités étant naturelles et le centre en aggloméré), du bouchon de synthèse et enfin du bouchon de type champagne.
A l’issue de cette visite des plus passionnantes, les membres de l’association se séparèrent non sans éprouver une certaine nostalgie à l’évocation de toute cette industrie de transformation désormais délocalisée, mais qui perdura dans l’ancienne usine à bouchons située non loin du Port de plaisance, jusqu’au début des années soixante-dix.