Conservatoire d'espaces naturels de Corse

patrimoine naturel et culturel de la Corse

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Sortie patrimoine : Découverte de la flore et de la faune

Sortie Nature - Le 25/06/2006 - Lieu : Iles Lavezzi

En ce matin radieux du dernier dimanche de juin, les Amis du Parc formait un groupe compact et enjoué sur les quais d’un Bonifacio déjà bien fréquenté par d’innombrables touristes.
Dûment recensés par la Président qui ne tenait pas vraiment à laisser des Robinson sur l’île des Lavezzi, c’est tout de même 77 membres de l’association qui avaient fait le déplacement de la cité des falaises. Après un embarquement sous le signe de cette bonne humeur qui caractérise immanquablement les sorties de l’association, la vedette prit le cap menant à la sortie de l’étroit goulet, célèbre depuis l’Antiquité et qui fit office de havre à tant d’intrépides navigateurs. Mais une fois parvenu dans les Bouches, une mer formée obligea tous les passagers de la poupe à se réfugier dans le roof tant les embruns se montraient menaçants.
C’est toujours la même émotion que de se retrouver dans cette porte d’eau, entre ces deux grandes îles si proches et si dissemblables, de longer ces tentures de craie s’intercalant entre les bleus cousins des cieux et des eaux et que dire de celle ressentie par ceux qui se trouvaient là pour la première fois de leur vie ! En effet, peu de membres connaissaient déjà les Lavezzi, destination de cette journée, que nous atteignîmes après une traversée d’une demi-heure. Après avoir pris pied au débarcadère de la Cala di U Ghiuncu, nous prîmes le chemin menant au phare sous la conduite de Jean-Louis Pieraggi, animateur du Parc Marin International et notre guide d’un jour. Ce fanal, construit en 1887 suite au naufrage de la Sémillante, sis sur un petit oppidum de la partie sud de l’île, est un superbe belvédère ouvert sur les îles de l’archipel de la Maddalena. Entièrement automatisé, il constitue un lieu de repos, de restauration et de travail pour les scientifiques qui oeuvrent sur l’île et abrite à tour de rôle les trois équipes de surveillance totalisant vingt-six personnes, qui sillonnent les 80.000 hectares de la réserve s’étendant des Iles Cerbicale à Roccapina et faisant respecter la réglementation visant à préserver le site, notamment dans les zones de protection renforcée et de non prélèvement.
Il convient de rappeler que l’Association des Amis du Parc a œuvré en son temps pour la création de cette réserve et que celle-ci a évolué pour faire partie de nos jours du Parc Marin International.
L’administration actuelle de la partie française du projet a été confiée à un gestionnaire unique (19,l’O.E.C.) et se compose donc de la réserve naturelle des bouches de Bonifacio, à laquelle s’ajoutent la réserve naturelle des îles Cerbicale, la réserve naturelle des Tre Padule, ainsi que les acquisitions du Conservatoire du Littoral (19,2.843 ha) et du département de Corse-du-Sud attenantes. Concernant la gestion de la partie italienne du projet, une partie du territoire est gérée par le Parc National de l’archipel de La Maddalena. A terme, la logique voudrait que ces deux structures, italienne et française, fusionnent.
Les gardes doivent également informer et canaliser les 150.000 visiteurs annuels de l’île, sachant qu’au mois d’août ils constatent des pointes allant jusqu’à 4.000 personnes par jour.
Deux groupes se formèrent selon les goûts des participants : les premiers accompagnés par Jean-Louis Pieraggi firent une circonvolution de l’îlet sur les traces encore visibles de son passé (19,cf. sur notre site, la sortie Découverte du même jour), les autres encadrés par Ségolène cheminèrent sur les sentiers avoisinants, sous le thème bucolique de la flore et de la faune insulaire.
Les soixante six hectares de l’île ne renferment pas une extrême diversité végétale : cinéraire maritime, arum peint, giroflée à trois pointes, scille maritime, barbe de jupiter, arum mange-mouches, renouée maritime, immortelle d’Italie, euphorbe, silène velouté, christe marine, constitue l’essentiel de la flore locale. Néanmoins en cette période de l’année, l’exubérance de la floraison occasionnait à l’île entière des touches chamarrées de la palette infinie de ses pigments.
Dans ce milieu isolé, aride et plutôt hostile à la vie, la faune également ne présente que quelques rares espèces : couleuvre verte et jaune, lézard tiliguerta, phyllodactyle d’Europe et discoglosse sarde. L’île comptait un grand nombre de rats noirs qui ont été éradiqués car ils causaient d’énormes ravages dans les nids des puffins cendrés.
Dans la faune ailée, on trouve également des goélands leucophées, des gobe-mouches, des corbeaux, des cormorans huppés à concurrence de mille couples soit 10% de la population mondiale et des fauvettes sardes.
Le puffin cendré, quant à lui a été dénombré pour cinq cents couples. Il fait son nid dans un terrier, en général sous des boules granitiques, qui abriteront l’unique poussin du couple
Capable de voler des centaines de kilomètres par jour, les puffins cendrés quitteront les Lavezzi à l’automne pour retrouver le doux hiver des côtes africaines.
C’est le plus grand oiseau pélagique, de la famille des Procellariidés, nicheurs d'Europe.
Son plumage du dessus est brun à gris brun, celui de dessous blanchâtre, le cou et la tête sont gris. Il possède un grand bec jaune rosé, clair à sa base, sombre à son extrémité et pourvu de narines tubulaires. Selon la vitesse du vent, il plane longuement au ras de l'eau en se balançant ou bat lentement de ses ailes. Très bon voilier, il peut parcourir plusieurs centaines de kilomètres par jour pour rejoindre un site d'alimentation Le Puffin cendré passe la majeure partie de sa vie en mer et ne revient à terre que la nuit, pour les besoins de la reproduction, de fin février à mi-octobre.
Les individus reproducteurs forment généralement des colonies pouvant regrouper plusieurs dizaines de couples. Les adultes sont fidèles au conjoint ainsi qu'au site de reproduction.
L'œuf unique est pondu fin mai et l'éclosion a lieu début juillet. Le poussin est alors nourrit par ses parents pendant 3 mois lors de visite nocturne au nid. Enfin, le jeune prend son envol en octobre pour un périple en mer jusqu'à sa maturité sexuelle, qu'il atteint aux alentours de 6-9 ans. A la fin de l'automne, après la reproduction, les oiseaux déserteront la colonie pour migrer vers les côtes atlantiques, au large de l'Afrique australe.
Le régime alimentaire du Puffin cendré est essentiellement composé de petites espèces de crustacés pélagiques, de poissons et de céphalopodes pêchés à une profondeur d'environs 4 à 5 mètres.
Les mêmes oiseaux reviennent chaque année aux mêmes nids qui sont numérotés pour un suivi efficace. Vu leur espérance de vie d’une quarantaine d’années, on peut imaginer le nombre de kilomètres parcourus entre l’Afrique lointaine et l’île des Lavezzi !!!
Nous eûmes la chance d’apercevoir des puffins en train de couver dans leur terrier, bien à l’abri des prédateurs, sauf de notre indiscrétion passagère.
Un déjeuner, pris sur la terrasse du phare, permit à chacun de recouvrer quelques forces après cette captivante randonnée sur les sentiers des Lavezzi.
L’après-midi, notre groupe fut pris en charge par Jean-Louis Pieraggi (19,cf. sur notre site, la sortie Découverte du même jour) qui les amena fouler l’histoire passionnante de l’île, tandis que le sien suivit Ségolène sur les chemins botaniques et faunistiques des alentours.
Vers 16 heures, les participants revinrent à l’embarcadère où les attendait la vedette du retour. Nous eûmes droit à un détour jusqu’à l’île de Cavallo, puis nous longeâmes la côte de Piantarella jusqu’à l’anse du Fazzio avec au passage, l’incontournable visite de la grotte du Sdragonato.
De retour au port, combien d’entre nous, avions les yeux humides des embruns du large mais aussi de l’émotion et du bonheur d’avoir partagé en toute convivialité une aussi belle journée !